Aujourd’hui: Focus Biodiversité!!
Quand on pense à un scientifique, on imagine souvent quelqu’un en blouse blanche enfermé dans un laboratoire. Mais Docteur Hilaire, c’est tout le contraire. Il préfère les forêts aux salles climatisées, il a le sourire facile, et il parle avec passion de son pays, d’environnement… et surtout des jeunes.
Docteur Hilaire n’a pas suivi un chemin tout tracé. Après avoir étudié les sciences naturelles à l’Université d’État d’Haïti, il est parti se spécialiser à l’Université de La Havane, puis à Bruxelles, en écologie. Il est devenu expert en biodiversité, botaniste systématicien (c’est-à-dire qu’il sait classer et identifier les plantes dans les moindres détails), et aussi professeur d’université depuis plus de 20 ans.
Mais au fond, ce qui l’a toujours motivé, c’est transmettre ces connaissances.
« J’ai toujours compris que ma mission, c’est de voir évoluer fondamentalement la jeunesse de mon pays. »
Pour lui, enseigner, ce n’est pas juste donner des cours. C’est planter des graines, au sens propre comme au figuré.
Il m’a raconté ses souvenirs d’enfance à Petit-Goâve.
« J’ai grandi dans une ville avec une couverture végétale incroyable. J’ai toujours aimé la nature, je me sentais connectée à elle. »
Ce lien très fort avec l’environnement est resté en lui. Il a même choisi une spécialité que peu de gens comprenaient à l’époque : la systématique des plantes.
« On me disait que je n’allais jamais trouver de travail avec ça. Mais j’ai tenu bon. J’ai payé moi-même mes études, avec l’aide de ma mère. Et aujourd’hui, j’en vis, et j’en suis fier. »
En plus d’enseigner, Docteur Hilaire a travaillé sur des projets très concrets : inventaires de biodiversité, développement de politiques publiques, formations à l’environnement, gestion des aires protégées… et bien d’autres. Il connaît les plantes d’Haïti comme personne, mais il s’intéresse aussi à la manière dont on protège, gère et finance la conservation.
« Protéger les autres formes de vie, c’est nous protéger nous-mêmes. »
Et il ne se contente pas d’agir en solo : il conseille, sensibilise, parle aux décideurs, aux paysans, aux étudiants. Il veut que tout le monde se sente responsable.
Quand je lui ai demandé ce dont il était le plus fier, il ne m’a pas parlé de ses titres, ni de ses recherches. Il a évoqué une petite école abandonnée, dans la communauté de Formon, qu’il a réussi à rouvrir après des années d’efforts.
« Un jour, un ancien élève m’a appelé de France. Il m’a dit : ‘C’est grâce à toi que j’ai pu aller à l’école.’ Là, j’ai compris que j’avais fait quelque chose d’important. »
Ce genre de moment, c’est ce qui le motive à continuer à enseigner, malgré les défis.
Haïti est un pays riche en biodiversité, mais aussi très fragile. Dr Hilaire m’a parlé des quatre grands défis environnementaux qu’il combat au quotidien :
- la mauvaise gestion des déchets,
- la déforestation,
- l’aménagement du territoire sans règle,
- et la vulnérabilité face au changement climatique.
Mais pour lui, rien n’est perdu. Ce qu’il faut, c’est une prise de conscience collective.
À la fin de notre échange, je lui ai demandé ce que nous, les jeunes, on pouvait faire pour aider. Il m’a répondu avec calme et conviction :
« Comprenez que la biodiversité, ce n’est pas un mot compliqué. C’est ce que vous mangez, ce que vous respirez, c’est votre quotidien. »
Et surtout, il nous encourage à croire en nous, à suivre nos passions même si elles sortent des sentiers battus :
« Croyez en vous, poursuivez vos rêves, et surtout, apprenez toujours quelque chose de nouveau. »
Pour ceux qui souhaitent écouter l’interview au complet, l’audio complet non éditée est disponible plus bas. Merci !!